MORBIHAN
Forêt de Camors - Accrobranchés.		Concoret. Le Vaubossard - Chêne à Guillotin.

- La Forêt bretonne : héritages et interrogations -

L’Ouest de la France est pauvre en massifs mais riche en landes et arbres de bocage, riche aussi en ateliers et usines travaillant le bois. Ce paradoxe tient à la structure de la propriété forestière et à la croissance rapide de la population : les habitants avaient besoin de chauffage ; ils l’obtinrent dans l’exploitation des haies.

Les forêts inspirèrent maintes légendes, tout comme les têtards à la silhouette singulière, inquiétante même les nuits de pleine lune et les matins d’épais brouillards. On les retrouve dans les images et les ouvrages qu’inspira le cycle arthurien : il ancrait le pays dans la vaste communauté celte.

Au-delà de cette histoire culturelle, il en est une autre : longtemps, ces forêts ont fourni le charbon de bois destiné à la sidérurgie, à la faïencerie et à la verrerie. La Révolution paralysa l’économie régionale et interrompit l’exportation Outre-Manche, tandis que les forêts cachaient les maquis des Guerre de Vendée.

A partir du XIXe siècle, le contexte fut modifié par l’abandon des combustibles végétaux. A l’aube du XXe siècle, ce changement toucha la forêt bretonne. Les taillis cédèrent la place aux futaies, conversion qui passa souvent par l’enrésinement. Au cours des Trente Glorieuses, le bocage recula car gênant la mécanisation agricole.

Le remembrement a bouleversé les paysages. Ce n’est pas la seule cause. Comptent aussi  le délaissement des haies et l’enfrichement des champs, ainsi que les boisements aidés par le FFN (1945-2000). Aujourd’hui, les espaces arborés conditionnent activités touristiques et préservation de la biodiversité. Et demain, que seront-ils ?

Biographie

Directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) depuis 1985, Andrée Corvol a fondé le Groupe d’histoire des forêts françaises (GHFF). Dans les années 1990, vice-présidente de l’Union internationale des Instituts de recherche forestière (IUFRO) et de l’Association internationale des Entretiens écologiques (AIDEC), elle fait partie du Conseil scientifique de l’Office national des forêts (ONF). Dix ans plus tard, elle est élue à l’Académie d’Agriculture, couronnement d’une carrière consacrée à l’Arbre et à la Forêt, en rapport avec l’économie, l’environnement, les civilisations et les mentalités.